La Garde Wallonne fournit des armes
Une nuit d’encre. Une poignée d’hommes se concertaient à voix basse à proximité de la gare de Marchienne-au-Pont.
Deux promeneurs nocturnes vinrent grossir le groupe puis deux autres encore, un cinquième arriva seul. Des noms furent cités : J …, A …, F …, A …, Qu’est-ce donc là au milieu du groupe ? Un soldat allemand ? Non, c’est T …, un partisan, qui, pour la circonstance, a revêtu l’uniforme feldgrau.
Il s’agissait, ni plus, ni moins de désarmer le détachement de la Garde Wallonne qui veillaient sur la gare de Marchienne.
T … connaissant parfaitement la langue allemande, se fit accompagner d’un autre P.A. et tous, deux prirent le devant. Sur le pont situé à l’extrémité nord de la gare, deux sentinelles rexistes se tenaient coude à coude. Bien avant d’arriver à leur portée, T … se mit à grommeler en allemand, des injures et des paroles sans suite.
Halte !
Haussant la voix et gesticulant comme un diable, T … jeta le trouble dans l’esprit des sentinelles. La vue de l ‘uniforme allemand acheva leur confusion. Stupidement, les rexistes laissèrent les deux hommes s’approcher mais ils demeuraient en garde, les canons de leurs fusils à hauteur de poitrine. Crurent-ils qu’un Allemand voulait leur confier un civil qu’il venait d’arrêter ?
T … déversait toujours son flot de patoles incompréhensibles. Bouche-bée, les G.W. attendaient. Encore un pas en avant… Là … voici les deux partisans en position idéale. T … toussota … C’était le signal … une … deux … Rapides comme l’éclair, deux poignes solides étreignirent en les faisant dévier les canons des fusils et deux révolvers furent appliqués sans ménagement sous le nez des traîtres.
« Lâchez ça ! »
Hypnotisés par les pistolets, les rexistes abandonnèrent leurs armes et se mirent à trembler. Un sifflement presque imperceptible invita les autres partisans à s’approcher puis la petite troupe s’en alla en toute sécurité vers le corps de garde. Les deux prisonniers bien encadrés n’en menaient pas large.
Un violent coup de pied projeta la porte à l’intérieur de la cabane et les partisans firent irruption en brandissant leurs armes de façon menaçante. Dix G.W. étaient là endormis, couchés tout habillés mais le ceinturon débouclé et la veste déboutonnée. Les partisans mirent d’abord la main sur les armes. En tout, quinze fusils furent rassemblés ainsi que deux révolvers, des grenades et des munitions en abondance.
Mis en appétit, les partisans raflèrent ensuite casques, baïonnettes, ceinturons, cartouchières. Tout ce matériel fut si rapidement évacué que les derniers P.A. se plaignirent de ne rien avoir à porter.
« Et les costumes ? On pourrait nous servir, émit quelqu’un. »
De l’idée au fait, il n’y a pas loin. Ordre fut donné aux G.W. de se déshabiller. Roulés en ballots, les costumes prirent le même chemin que les armes.
Le lendemain matin, un camion de la Wehrmacht emmena l’escouade de mercenaires en tenue rudimentaire vers la prison de Charleroi. Sans doute, les gaillards s’estimaient-ils heureux d’avoir échappé au châtiment que les P.A. étaient en droit de leur infliger mais ils appréhendaient quand même l’accueil plutôt vert que leur réservaient les officiers du Grand Reich.
Le butin fut mis en sécurité chez de vrais patriotes : le père, P.A., la mère courrier et agent de renseignement. Avec quatre enfants âgés de trois à dix ans, le ménage s’augmentait encore de trois prisonniers russes évadés et d’un partisan vivant dans l’illégalité. De plus, l’histoire qui précède donne une idée plus complète sur la destination de la maison. Braves gens, va !
Episode suivant : « Faits divers ».
