L'armée belge des partisans armés (suite XLIII)

Faits divers

Dès le lendemain de l’affaire de la Werbestelle, la Gestapo se présenta au domicile du partisan lesté de sa carte d’identité. Un traître avait joué son rôle. Heureusement, la patriote, après avoir passé la nuit chez son chef avait pris le large. Mais l’ennemi tenait une piste qui le guida vers d’autres partisans. Les arrestations su multiplièrent et bientôt Van Brussel sentit le cercle se resserrer autour de lui.

Fin novembre, par une nuit froide, rue des Chevaliers, le partisan et sa femme se réveillèrent en sursaut… on frappait à la porte. Conscients de ce qui les attendait s’ils ouvraient, les jeunes époux en pyjama, grimpèrent au grenier, gagnèrent le toit et s’échappèrent grâce à des prodiges d’acrobatie.

La veille, Van Brussel avait eu une entrevue avec le commandant national des partisans qui lui avait conseillé d’entrer directement dans l’illégalité. Notre ami avait ajourné sa décision. Se glissant de gouttière en corniche, il se disait que c’était chose faite.

Sa femme se réfugia à Anvers et il demeura huit mois sans la revoir. Lui-même changea seize fois de résidence en trois semaines. Son beau-père fut arrêté comme otage parce qu’il était à la tête du Syndicat des Métallurgistes. Une perquisition chez le brave bourgmestre amena la découverte d’une des cartes enlevées à la feldgendarmerie, ce qui aggrava singulièrement le cas du patriote. Il est heureusement revenu des camps nazis.

Devenu hors la loi, Van Brussel reprit plus fougueusement que jamais la lutte contre l’oppresseur. Le 31 décembre 1942, la 5 ème compagnie des P. A. à effectif réduit entreprit le sabotage la ligne Louvain-Aerschot et enregistra un nouvel échec. Ce fut peut-être le dernier.

A partir de janvier 1943 commença une série de sabotages qui, dans une succession serrée, infatigable, mina journellement le système nazi du secteur. Il serait trop long et fastidieux d’exposer ici le bilan de toutes ces opérations. Des trains déraillèrent, des traîtres tombèrent impitoyablement exécutés, des centrales électriques et des machines d’usines sautèrent, les incendies se multiplièrent, des réquisitions de timbres de ravitaillement et d’argent furent effectuées en de nombreux endroits, etc …

Pas un jour ne se passa sans apporter l’écho d’une bataille gagnée. Une des plus spectaculaires eut lieu en avril. Trente-cinq hommes cernèrent la gare de Louvain et l’occupèrent de 10 h du soir à 2 h 30 du matin. Les boches de garde s’éclipsèrent et la feldgendarmerie, alertée, n’osa pas intervenir. Le va-et-vient des P.A. dans la gare laissait supposer la présence de tout un régiment. Tous étaient à la tâche : wagons-citernes, wagons de paille ou de bois de mine flambaient. Deux cent septante-deux boyaux de freins Westinghouse furent coupés. Des rames de wagons demeurèrent sur place pendant plus de quinze jours.

Tout cela sans se soucier des boches ni des traîtres V.N.V. dont l’un trouva la mort dans l’affaire. Le 30 mars 1943, les scieries Everaerts flambèrent. Les dégâts se chiffrent par des millions de francs.

Le 23 mai, plusieurs lignes de chemin de fer furent coupées (En tout, trois cents sabotages de chemin de fer sont à l’actif des P.A. du corps 034).

Le 9 juin, une bombe placée dans leur local à Malines blessa une trentaine de mercenaires V.N.V.

Des quantités considérables de colza furent incendiées, ce qui valut aux P.A. d’être cités en exemple par la radio de Londres. Malheureusement, toutes ces opérations ne s’effectuèrent pas sans perte. Le 11 juin 1943, au cours d’une action contre les feldgendarmes, le camarade Omloop, ancien combattant d’Espagne fut tué et le camarade Hassaerts blessé, fut fait prisonnier puis fusillé à Breendonck.

Chapitre prochain : « 3 000 kilos de dynamite »

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