A dater de ces événements les chefs de groupe purent recevoir de sérieuses directives, tant au sujet des objectifs que sur les précautions à prendre. Et les actes de sabotage, à première vue anodins, se multiplièrent avec un résultat imperceptible pour les non-initiés, mais très sensible pour le Reich engagé dans une lutte à mort.

À
l’Est, l’ennemi s’enfonçait profondément en territoire russe. Mais on sentait
bien que tout était changé. Un allié très puissant venait d’entrer dans la
guerre. Ses ressources et ses espaces illimités défiaient la brutalité et la
rapidité de l’avance allemande. L’Armée Rouge avait fléchi sous le choc, mais
ses réserves inépuisables, la bravoure de ses soldats, le sang-froid et le
génie de ses chefs étaient autant de garanties quant à la victoire finale.
Et
puis, derrière les lignes ennemies, les guérillas russes intervenaient
efficacement. Ces partisans vêtus de blanc : barbes hirsutes de paysans ou
visages imberbes de jeunes garçons, femmes voulant venger un fils, un époux ou
un frère, tous harcelaient l’ennemi, désorganisaient ses transports et créaient
en pays occupé une ambiance d’insécurité. Déboulonner les rails, abattre une
estafette, miner une route ou un pont, scier à leur base les poteaux
télégraphiques… ces exploits pourraient être énumérés à l’infini. L’épuisement,
l’effondrement de l’Allemagne n’étaient qu’une question de temps.
Nos partisans, faute de moyens, en étaient réduits à poursuivre la lutte dans l’ombre, à continuer un travail de termites qui devait, à la longue, renverser l’équilibre entre la destruction et la production de matériel allemand.
Travail de termites ? Oui, mais combien dangereux ! Exaspérés des lenteurs apportées à exécuter leurs commandes, et constatant la défectuosité des fournitures, les Nazis mirent en branle un organisme de répression furieuse.
A Courcelles-Motte, Léon Willock, conseiller communal communiste fut, l’un des premiers, victime de cette sauvage réaction. Imprudence, bavardage ou délation ? Quoi qu’il en fût, le brave compagnon arrêté au début de septembre 1941 devait payer de sa vie sa résistance à l’ennemi.
Devant le danger grandissant, et frôlé par le cercle se resserrant autour de lui, Baligand dut quitter les ateliers Junkers dans le courant du même mois. Mais son oeuvre était lancée. Ni les arrestations, ni les menaces ne purent interrompre les sabotages. La chose était entrée dans l’esprit des travailleurs, elle faisait partie de leurs préoccupations quotidiennes. L’idée du sabotage fut comme un chiendent jeté dans la culture ennemie.
Mais un coup terrible allait être porté à l’Armée des Partisans à peine éclose : l’arrestation du sénateur Tinclair et du secrétaire communal de Monceau-sur-Sambre. Ces deux hommes tenaient les fils de toute l’organisation dans le pays de Charleroi. Avec eux disparaissaient toutes liaisons entre les groupes, tous rapports avec le commandement. Ils moururent à Mauthausen. L’indécision, le malaise momentané qui s’ensuivirent furent accentués par l’ignorance des causes du désastre. Une menace planait… Comment y parer ?
Rongeant son frein, Baligand attendait, retournait la question sur toutes ses faces, bouillant de continuer l’oeuvre entreprise et de venger les camarades tombés aux mains de l’ennemi. C’est alors que le P.C. le convoque à Montigny-le-Tilleul.
A suivre
CArCoB asbl – Bruxelles

Sénateur communiste
Photo du CArCoB asbl – Bruxelles

Photo du CArCoB asbl – Bruxelles