La sociale démocratie (SPD) entre le marteau et l’enclume.
La sociale démocratie, nous le verrons souvent au cours de cette brochure, considère (quand elle a le pouvoir gouvernemental), qu’elle doit comme gouvernement étatique « maintenir l’ordre » s’allier s’il le faut à la pire réaction pour cela. Lorsque qu’ en février 1919 des piquets de grève sont attaqués dans la Rhur, nous voyons dans certains endroits le SPD s’ opposer à la répression, dans d’ autres y collaborer.2
Le SPD ne va pas rester longtemps entre le marteau et l’enclume, il choisit d’asseoir sa toute jeune république sur les baïonnettes des institutions impériales. La direction de l’ armée ne lui apportera qu’un appui tactique et va se retourner à la première occasion3, c’ est ce qui se produira avec le putsch de Kapp. Dès mars 1920, les troupes du général Walther von Lüttwitz composée de 6000 hommes précédemment sous les ordres du socialiste Noske (en janvier 1919) occupent Berlin. Le gouvernement socialiste s’enfuit, et ne devra finalement son salut qu’à l’initiative des ouvriers en grève et à la formation de l’armée rouge de la Rhur.
Formation de l’armée rouge le 14 mars 1920
En réaction au putsch de Kapp il va se former l’armée rouge de la Ruhtr (Rote Ruhrarmee) elle se compose de quelques 50 000 hommes armés, vétérans pour une grande partie de la première guerre mondiale. Soutenu par 300 000 mineurs en grève. Le 17 mars 1920, les troupes du capitaine Hasenclever, partisan de Kapp sont défaites’ armée rouge capture armes et munitions et 600 paramilitaires du Freikorps Lichtschlag. Le 20 mars les conseils ouvriers prennent le pouvoir dans plusieurs villes de la Ruhr.
« La Rhur est alors le fief de la révolution en Allemagne. C’est là que l’influence de la gauche et des syndicalistes révolutionnaires est la plus forte. Mais aucun groupe n’est assez puissant pour déclencher lui-même un mouvement, et l’insurrection est une offensive spontanée du prolétariat (c’est le premier et l’avant dernier pendant la révolution allemande, avant mars 1921). Au moment du putsch de Kapp, « de nombreuses zones comme la Rhur et l’ Allemagne centrale n’ avaient pas encore connu les grandes défaites ouvrière des années précédente…4 » Par contre l’ organisation du mouvement révolutionnaire dans la Rhur a souffert de la scission du KPD, car les unions y sont moins bien implantées, et leur faiblesse favorise les « anarcho-syndicalistes » hostiles à l’ action politique qu’ils identifient en définitive à tout ce qui déborde le cadre de l’ entreprise » (La gauche communiste en Allemagne 1918-1921, Denis Authier et Jean Barrot ed. Payot p.148)
L’armée rouge ne parviendra pas à briser le pouvoir d’Etat.
Malgré une force de 80 000 et 120 000 prolétaires, un armement important réquisitionné, une artillerie et même une petite aviation, l’armée rouge finira par être vaincue. Le 24 mars, le général Oskar von Watter est aux commandes de la contre révolution et va réprimer l’insurrection. Le bilan est lourd, le 12 avril 1920, les combats prennent fin, plus de 2000 victimes l’Armée rouge est dissoute, l’heure de la répression systématique va sonner.
On dénombrera entre 1919 et 1922, 35 600 assassinats politique.
« L’insurrection de la Ruhr et sa répression ont une dimension directement internationale. Le bassin houiller de la Ruhr assure alors 70% de la production allemande de charbon, et possède une importance vitale pour l’industrie européenne elle-même, les bassins houillers français étant encore détruits par suite de la guerre. L’interruption de la production dans la Ruhr bloque très rapidement la vie économique en Allemagne, et devait bientôt se répercuter sur les autres pays. Or l’ occupation militaire de la Ruhr par la Reichsweher5, afin de réprimer le soulèvement, était une violation des accords de Versailles. C’est par riposte que les Français occupèrent Francfort sur le Main, bloquant le trafic économique entre le nord et le sud de l’ Allemagne, mettant l’ économie allemande dans de nouvelles difficultés alors qu’ elle était menacée par le mouvement révolutionnaire, les Anglais, conscients de l’ importance de l’ enjeu ( sauver le capitalisme en Allemagne) et par contre coup chez eux aussi), protestent auprès des Français, et, mettant la solidarité entre capitaliste au-dessus des querelles de revanche, révèlent l’ importance révolutionnaire mondiale de l’ insurrection de la Ruhr (6 ).Le massacre tiendra la Ruhr écrasée jusqu’ en 1923 »
(La gauche communiste en Allemagne 1918-1921, Denis Authier et Jean Barrot ed. Payot p.150)
2 L’offensive contre révolutionnaire aboutit dans plusieurs cas à la dissolution forcée des conseils ouvriers.
3 Le général Groener expliquera que, pour la hiérarchie militaire, il fallait alors s’allier avec le SPD « considérant qu’en cet instant il n’existait pas d’autre parti doté d’une influence suffisante sur la population, en particulier sur les masses ouvrières, qui fût en mesure de rétablir le pouvoir gouvernemental». Autrement dit, un ralliement tactique et provisoire.
4-La question syndicale ….p.23-24
5La Reichswehr, littéralement « force armée du Reich », était l’armée de la République de Weimar, de 1919 à 1935. Son organisation reposait sur le traité de Versailles
6« Bassin de la Ruhr et Francfort »,in Kommunismus,17 avril 1920.