Libres propos : « Que Charles Michel veille à nos intérêts plutôt que de s’en prendre à Ken Loach ».

La nomination du cinéaste Ken Loach comme docteur honoris causa à l’ULB a fait débat.  Le cinéaste  anglais, connu pour ses prises de positions à l’égard de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissements, Sanctions) en faveur des Palestiniens n’a rien d’un dangereux négationniste et a d’ailleurs publié une carte banche dans ce sens dans le quotidien Le Soir où il dit notamment: « Je comprends que mes prises de position sur l’antisémitisme et le déni de l’Holocauste ne sont pas très connues à Bruxelles, je tiens donc à réaffirmer dans les termes les plus forts que l’Holocauste est un événement historique aussi réel que la Seconde Guerre mondiale et ne peut pas être mis en doute… »

Même notre Premier Ministre Charles Michel que l’on voit parader dans une synagogue, coiffé d’une kippa, a cru nécessaire de désapprouver le choix de l’ULB. En Belgique, on peut être anticlérical ou islamophobe mais surtout ne pas s’en prendre à la communauté juive, principalement en période électorale…

Pourtant, les Juifs sont loin d’être les seuls Sémites. Le terme a été inventé en 1781 par l’orientaliste allemand August Ludwig Schlözer, à partir du nom d’un des fils de Noé, Sem, pour désigner des langues dont la parenté avait été établie dès le Moyen-Âge par les savants juifs : l’hébreu, l’araméen, l’arabe. Les spécialistes ont ensuite regroupé sous l’appellation de « sémite » tout un ensemble de peuples qui, dans le courant du III^e millénaire avant Jésus-Christ, émigrèrent de la péninsule arabique vers la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine, puis, vers 700 avant Jésus-Christ, vers la corne de l’Afrique. Ils se caractérisent par leur appartenance à une même famille linguistique, mais ne présentent pas nécessairement d’autre parenté.

Aujourd’hui, les peuples qu’on peut qualifier de sémites sont essentiellement les Juifs et les Arabes, mais, dans l’Antiquité, on comptait également les Assyriens, les Babyloniens, les Araméens, les Cananéens et les Phéniciens. Les Sémites donnèrent naissance à des alphabets et à des dialectes qui se répandirent dans toute la Méditerranée orientale, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord-Ouest. En réalité, les juifs qui viennent principalement d’Europe et s’installent en Israël ne parlent pas hébreu mais yiddish, une langue vernaculaire composée à partir du haut-allemand, truffée de locutions slaves et hébraïques.  L’hébreu deviendra la langue officielle lors de la création de l’état d’Israël en 1948.

Notre premier ministre qui se trouvait à la grande synagogue de Bruxelles, pour fêter le septantième anniversaire de l’existence de l’Etat d’Israël, s’est bien gardé de réclamer le remboursement d’un panneau solaire d’une école de la communauté bédouine d’Abu Nwar dérobé par Tsahal et financé par les contribuables belges. En réalité, c’est l’ensemble de l’établissement scolaire (lui aussi financé par nos soins) qui a été démonté sous la protection des soldats israéliens. Pourtant, selon le droit humanitaire international, les forces occupantes d’un état sont tenues de rembourser de tels dégâts. Chacun sait que le Droit International pour l’Etat d’Israël, c’est de la roupie de sansonnet.  Charles Michel aurait mieux fait de réclamer l’argent du contribuable plutôt que de s’en prendre au talentueux cinéaste Ken Loach…

Freddy Guidé